Comprendre le NER : la reconnaissance d'entités nommées

Dernière mise à jour :

July 18, 2025

5 minutes

Le Named Entity Recognition (NER) permet d’identifier automatiquement les informations clés dans un texte, comme les noms, dates ou montants. Découvrez comment elle fonctionne et pourquoi elle est devenue indispensable dans les projets d’automatisation documentaire.

Envie de comprendre comment extraire automatiquement les informations essentielles d’un texte ? Découvrez comment la NER transforme vos documents en données, prêtes à être exploitées.

NER

Qu’est-ce que le Named Entity Recognition (NER) ?

Le Named Entity Recognition (NER), ou reconnaissance d'entités nommées, est une technologie issue du traitement automatique du langage naturel (NLP).

Elle permet d’identifier automatiquement, dans un texte brut, des éléments clés comme:

  • des noms de personnes,
  • des localisations géographiques,
  • des dates,
  • des montants financiers, pourcentages, quantités, etc.,
  • des organisations
  • ou encore des unités de mesure.

Son objectif est simple : transformer un contenu non structuré en données exploitables par une machine.

Concrètement, le NER repose sur deux étapes principales :

  • La détection d'entités nommées : repérer des mots ou expressions spécifiques dans un texte.
  • La classification : attribuer à chaque entité détectée une catégorie prédéfinie (personne, lieu, organisation, etc.).

Historiquement, les premiers systèmes de NER reposaient sur des règles simples ou du fuzzy matching, consistant à comparer des chaînes de caractères avec des listes de référence en tolérant de petites différences (accents, fautes de frappe, abréviations…).

Ces approches, bien qu’efficaces dans certains cas, manquaient de robustesse et de précision dans des contextes variés ou bruités. Elles ont depuis été largement enrichies par des méthodes plus avancées, notamment par apprentissage profond et embeddings sémantiques.

Lorsqu’elle est bien déployée, la NER apporte des bénéfices concrets dans de nombreux contextes métiers :

  • Automatise l’extraction d’informations pertinentes à partir de grands volumes de texte
  • Transforme des données non structurées en informations exploitables et organisées
  • Facilite l’identification de tendances émergentes et le suivi de signaux faibles
  • Réduit les erreurs humaines dans les processus d’analyse et de lecture
  • Accélère les traitements dans tous les secteurs d’activité, du juridique à la finance
  • Libère les équipes des tâches répétitives à faible valeur ajoutée
  • Améliore la précision et l’efficacité des outils de traitement du langage naturel (NLP)

Comment fonctionne le NER ?

Ce processus de Named Entity Recognition suit une suite d'étapes structurées, combinant des techniques linguistiques, statistiques et d’apprentissage automatique.

Voici les principales phases du fonctionnement du NER :

1. Tokenization

Tout commence par la tokenisation, qui consiste à découper le texte brut en unités élémentaires appelées tokens : mots, signes de ponctuation, dates, chiffres… Cette segmentation permet de préparer le terrain pour les étapes suivantes d’analyse linguistique.

Par exemple, la phrase :

sera segmentée en :

["The", "48th", "World", "Hospital", "Congress", "will", "take", "place", "in", "Geneva", "from", "November", "10", "to", "13", ",", "2025", "."]

2. Entity Identification

La deuxième étape consiste à identifier les groupes de mots qui pourraient correspondre à des entités nommées. Cette détection repose sur :

  • des caractéristiques linguistiques comme les majuscules, la position dans la phrase, ou la ponctuation ;
  • des indices contextuels (par exemple, une date est souvent précédée d’une préposition comme “en” ou “in”) ;
  • des ressources lexicales comme des listes de noms de villes ou d’entreprises (gazetteers).

L’objectif ici est de repérer dans le flux de texte les segments qui "ressemblent" à des entités.

3. Entity Classification

Une fois les entités potentielles détectées, le système les classe dans des catégories prédéfinies.

Ce classement est généralement effectué par un modèle entraîné sur des jeux de données annotés. Des algorithmes comme les CRF (Conditional Random Fields) ou les réseaux neuronaux sont couramment utilisés pour cette tâche.

Comprendre ces catégories est essentiel pour exploiter pleinement les capacités de la NER. Voici un aperçu des types les plus fréquents :

4. Contextual Analysis

Le contexte est essentiel pour garantir la précision du NER. Certains mots ou noms peuvent désigner différentes entités selon l’usage.

L’analyse contextuelle permet de lever ces ambiguïtés en tenant compte des mots voisins, de la syntaxe, voire de la structure du document. Elle permet aussi de gérer les entités imbriquées (par exemple : “Président Barack Obama des États-Unis” contient deux entités distinctes).

Avec les modèles modernes, l’élargissement du contexte d’analyse améliore significativement la désambiguïsation. Il est désormais possible d’utiliser un prompt pour comparer automatiquement une entité détectée à une liste de plusieurs milliers d’éléments (par ex. 100 000 noms d’entreprise), en short-listant les correspondances les plus proches.

5. Post-processing

Enfin, une phase de post-traitement vient affiner les résultats :

  • fusion des entités multi-mots (ex. “San Francisco” comme une seule entité),
  • gestion des doublons ou chevauchements,
  • validation avec des bases externes ou règles métier.

Cette étape peut aussi générer une sortie structurée, comme un fichier JSON ou XML, où chaque entité est étiquetée, ce qui facilite son intégration dans un système d'information ou un processus automatisé.

Les principales approches du NER

Plusieurs approches ont été développées pour mettre en œuvre efficacement la reconnaissance d'entités nommées (NER). Voici une explication détaillée des méthodes les plus courantes :

1. Approches basées sur des règles

Les systèmes NER à base de règles fonctionnent à partir de modèles linguistiques définis manuellement. On y trouve notamment :

  • Les expressions régulières, qui permettent de détecter des entités selon des formes précises (comme des numéros de téléphone, des adresses email ou des dates).
  • Les dictionnaires ou lexiques (souvent appelés gazetteers), qui comparent les mots du texte à des listes préexistantes de noms propres, lieux, entreprises, etc.
  • Les règles syntaxiques ou contextuelles, qui identifient les entités selon leur position ou leur fonction dans la phrase (ex. : un mot en majuscule précédé de “M.” peut désigner une personne).

2. Approches par apprentissage automatique (Machine Learning)

Les méthodes fondées sur l’apprentissage automatique consistent à entraîner un modèle statistique sur des exemples annotés pour qu’il apprenne à reconnaître les entités.

  • Le modèle analyse diverses caractéristiques du texte (comme la présence de majuscules, les suffixes, les étiquettes grammaticales ou le contexte immédiat).
  • Parmi les algorithmes couramment utilisés, on trouve les CRF (Conditional Random Fields), les SVM (Support Vector Machines) ou encore les arbres de décision.

3. Approches par apprentissage profond (Deep Learning)

L’apprentissage profond a considérablement amélioré les performances de la NER, en s’appuyant sur des réseaux de neurones capables d’apprendre directement à partir du texte brut.

  • Les réseaux récurrents (RNN, LSTM) permettent de prendre en compte l’ordre des mots et les dépendances à long terme dans la phrase.
  • Les modèles Transformers, comme BERT, analysent le texte dans son ensemble et prennent en compte le contexte complet pour mieux désambiguïser les entités (ex. : “Apple” en tant qu’entreprise ou fruit).

4. Approches hybrides

Les systèmes hybrides combinent plusieurs des méthodes précédentes pour tirer parti de leurs avantages respectifs. Par exemple :

  • Un prétraitement basé sur des règles ou dictionnaires peut permettre de repérer rapidement des entités simples avant d’appliquer un modèle machine learning plus avancé.
  • Un modèle BERT peut être enrichi avec des règles métier ou des listes personnalisées pour améliorer la précision dans un secteur spécifique.

De plus, certaines approches hybrides récentes combinent embeddings sémantiques et fuzzy matching pour calculer la similarité entre une entité détectée et des bases externes. Cela permet d’identifier intelligemment des correspondances même si les chaînes de caractères diffèrent.

Les principales applications de la NER en entreprise

Bonnes pratiques pour déployer efficacement la NER

Pour garantir de bonnes performances et une précision optimale, la mise en œuvre de la NER doit suivre plusieurs étapes clés. Voici les recommandations essentielles :

Étape clé Bonnes pratiques recommandées
Préparation des données - Nettoyer le texte (ponctuation, caractères spéciaux, stopwords)
- Normaliser les formats (minuscules, dates, etc.)
- Annoter un corpus représentatif
Choix du modèle - Modèles simples (CRF, SVM) pour des tâches ciblées
- Modèles contextuels (BERT, RoBERTa, LSTM) pour plus de précision et de robustesse
Transfert d’apprentissage - Réutiliser un modèle pré-entraîné adapté (BERT, Flair…)
- Fine-tuner sur vos propres données pour une meilleure spécialisation
Adaptation au domaine métier - Créer des dictionnaires métier (ex. : médicaments, clauses juridiques)
- Combiner règles linguistiques et apprentissage automatique
Multilinguisme - Utiliser des modèles multilingues ou spécifiques à chaque langue
- Appliquer le transfert d’apprentissage vers les langues peu dotées
Sécurité et confidentialité - Privilégier les déploiements sur site ou en cloud privé
- Gérer les versions de modèles et auditer régulièrement les performances
Implication des experts métier (no-code) - Fournir des interfaces d’annotation accessibles
- Suivre les indicateurs (F1-score, précision) et ajuster les modèles en continu

Outils et bibliothèques pour la reconnaissance d'entités nommées (NER)

Selon vos objectifs – intégration rapide, personnalisation avancée ou traitement à grande échelle – vous pouvez opter pour des bibliothèques open source ou des services cloud prêts à l’emploi.

Bibliothèques open source les plus utilisées

Ces solutions sont particulièrement adaptées aux projets personnalisés et aux environnements de développement Python ou Java. Voici les trois plus populaires :

SpaCy

Réputée pour sa rapidité et sa simplicité d’intégration, spaCy est aujourd’hui l’une des bibliothèques NLP les plus utilisées en production. Elle propose des modèles pré-entraînés pour la NER sur plusieurs langues et permet un fine-tuning efficace. Son écosystème est bien documenté et largement maintenu par la communauté.

Flair

Développée par Zalando Research, Flair permet de combiner plusieurs modèles de deep learning (comme BERT, ELMo) pour améliorer la précision des entités extraites. Elle se distingue par son support multilingue et sa flexibilité dans les projets de recherche ou expérimentaux.

Stanford CoreNLP

Outil robuste, particulièrement apprécié pour sa précision linguistique et son support multilingue. Développé en Java avec des wrappers Python disponibles, CoreNLP reste une référence académique et professionnelle, bien que plus exigeant en termes de ressources système.

Services cloud (API NER clés en main)

Idéals pour les entreprises qui souhaitent intégrer rapidement la NER dans leurs systèmes, sans gérer l’entraînement ou l’hébergement des modèles.

Google Cloud Natural Language API

Propose une extraction d’entités enrichie, avec catégorisation, score de pertinence et analyse syntaxique. Parfait pour les applications cloud à grande échelle.

Amazon Comprehend

Solution NER native dans l’écosystème AWS. Elle identifie automatiquement les entités (noms, lieux, dates…) et s’intègre facilement dans des architectures serverless ou des pipelines de traitement automatisés.

IBM Watson Natural Language Understanding

API complète orientée grands comptes, qui va au-delà de la NER. Elle permet également d’analyser les émotions, les relations sémantiques, les concepts ou les intentions, avec des niveaux de paramétrage avancés.

Les obstacles à une NER fiable et précise

Malgré ses performances prometteuses, la NER reste confrontée à plusieurs limites qu’il est important d’anticiper pour garantir une mise en œuvre efficace.

Ambiguïté des termes

Un même mot peut désigner plusieurs types d’entités selon le domaine ou l’usage courant.
Par exemple :

  • “Amazon” peut désigner une entreprise (e-commerce) ou un fleuve.
  • “Orange” peut être une couleur, un fruit, ou une marque de télécommunication.

Sans désambiguïsation, les modèles risquent de mal étiqueter ces entités, surtout dans les contextes courts ou ambigus.

Dépendance au contexte

La signification d’une entité dépend aussi de sa position dans la phrase et des relations syntaxiques.

Prenons l’exemple suivant :

Ici, “Renault” est bien une organisation.

Mais dans :

Le même mot est associé à une écurie sportive, et non à l’entreprise automobile dans son sens strict.

Les modèles modernes comme BERT ou RoBERTa, entraînés sur des contextes bidirectionnels, sont capables de capturer ces nuances pour améliorer la classification.

Complexité multilingue

Les langues présentent des différences de syntaxe, d’usage des majuscules ou de formats d’entités. Certaines langues n’ont pas de conventions claires pour les noms propres. La NER doit s’adapter à ces variations, souvent en utilisant des modèles multilingues ou entraînés langue par langue.

Données annotées limitées

L’apprentissage supervisé exige des corpus annotés, souvent indisponibles dans certains secteurs (juridique, médical…) ou pour des langues peu représentées. Ce manque de données limite la performance des modèles.

Biais et manque de robustesse

Les modèles NER peuvent intégrer des biais présents dans les données d’entraînement (genre, origine, secteur…). Ils sont également sensibles aux fautes de frappe, à l’oral ou à des formulations peu fréquentes, ce qui fragilise leur usage en production.

L'utilisation combinée d’embeddings sémantiques et de fuzzy matching améliore considérablement la robustesse, en permettant de détecter des correspondances entre chaînes proches

De plus, les techniques modernes de shortlisting d’entités via scoring de similarité, puis validation par prompt, apportent une fiabilité supérieure à celle des modèles de machine learning classiques, notamment dans des environnements métier riches et ambigus.

De la reconnaissance d’entités à l’extraction intelligente de données

Le Named Entity Recognition s’inscrit aujourd’hui dans des solutions documentaires bien plus avancées.

C’est notamment le cas des OCR intelligents, qui s’inscrivent dans le champ plus large de l’Intelligent Document Processing (IDP).

Bien au-delà de la simple lecture de texte, ces outils exploitent des technologies avancées comme la vision par ordinateur, le traitement du langage naturel (NLP) ou encore la reconnaissance d’entités nommées (NER) pour extraire automatiquement des informations structurées à forte valeur ajoutée.

Ils permettent d’analyser avec précision des documents variés, tels que :

Des solutions comme Koncile reposent sur une combinaison de technologies complémentaires pour offrir une extraction fiable, contextualisée et exploitable immédiatement :

  • OCR haute précision, capable de lire des documents complexes (factures, bulletins de paie, contrats…) avec fiabilité, quelles que soient les variations de mise en page ou de format ;
  • Extraction des champs métier clés, grâce à une combinaison de vision par ordinateur et de LLM, pour identifier avec précision les informations telles que le nom du fournisseur, le numéro SIRET, les montants HT/TTC/TVA, les dates et références ;
  • Reconnaissance détaillée ligne à ligne, permettant de restituer les tableaux de factures (désignation, quantités, prix unitaires, remises…) avec un haut niveau de structuration, même en cas de complexité ;
  • Personnalisation avancée, avec configuration des champs à extraire, adaptation dynamique aux documents variés et compatibilité avec des requêtes en langage naturel ;
  • Formats de sortie standardisés (JSON, Excel, API), directement intégrables dans les systèmes comptables ou ERP existants.

En combinant vision linguistique, statistiques et compréhension du contexte, la NER s’inscrit au cœur des chaînes de traitement automatisé des documents.

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Auteur et Co-fondateur Koncile
Jules Ratier

Co-fondateur de Koncile - Transformez n’importe quel document en données structurées grâce aux LLM - jules@koncile.ai

Jules dirige le développement produit chez Koncile, en particulier comment transformer des documents non-structurés en valeur pour l'entreprise.

Les ressources Koncile

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Glossaire

10/7/2025